La langue bretonne, part essentielle de l'identité de la Bretagne

La langue bretonne, part essentielle de l'identité de la Bretagne

En moyenne, 73% des Bretons demandent à ce que la langue bretonne soit plus enseignée à l'école, et presque 80% dans les Pays de Brest et de Brocéliande.
En moyenne, 73% des Bretons demandent à ce que la langue bretonne soit plus enseignée à l'école, et presque 80% dans les Pays de Brest et de Brocéliande.

En 2018, la Région Bretagne a commandé à l'institut de sondage TMO une enquête sociolinguistique approfondie sur les langues bretonne et gallèse. C'est la première fois qu'une enquête d'une telle ampleur était réalisée. Plus de 8 000 personnes de plus de 15 ans ont été interrogées, sur les 5 départements de la Bretagne historique, avec des données chiffrées par Pays. Voici quelques éléments de cette enquête concernant la langue bretonne, complétée par les analyses et ajouts de l'Office Public de la Langue Bretonne, notamment pour les scolaires de moins de 15 ans, non comptabilisés par TMO.

 

cliquez sur les cartes et diagrammes ci-dessous pour les agrandir

Etat des lieux en quelques points

La Bretagne compte environ 210 000 locuteurs en breton, 225 000 en ajoutant les moins de 15 ans, soit 5,5% de l'ensemble de la population. La baisse continue et la pyramide des âges l'amplifiera encore dans les années à venir : l'âge moyen des locuteurs est de 70 ans. L'espoir vient des jeunes : il y a deux fois plus de bretonnants dans la tranche d'âge 15/24 ans que dans celle 25/39 ans, et quatre fois plus (2,3% de la population) chez les moins de 15 ans.

Sans la volonté d'une poignée de militants qui se sont battus pendant des années pour faire avancer l'enseignement du breton à l'école, il y a fort à parier que le pourcentage de locuteurs de moins de 25 ans serait quasi nul, signifiant ainsi la mort programmée du breton. Néanmoins, cette reprise qui s'amorce est encore bien trop timide pour croire que la langue bretonne est sauvée. 

Aujourd'hui encore, la frontière linguistique classique entre Basse et Haute Bretagne semble respectée (carte de gauche) : on trouve les pourcentages les plus élevés de bretonnants en Centre-Ouest Bretagne, en Trégor et plus globalement à l'ouest d'une ligne Saint-Brieuc-Auray.

Mais les pourcentages son trompeurs et les données en valeur absolue laisse présager d'une évolution différente (carte de droite) : 10 000 locuteurs en Pays de Rennes, 6 500 en Pays de Saint-Brieuc, ce qui est loin d'être négligeable. Les contingents les plus importants se trouvent en Pays de Brest (45 000) et en Cornouaille (40 000). Il se confirme qu'à l'avenir, le breton se maintiendra surtout dans les zones urbaines et sur la côte.

Les zones rurales, comme le Pays du Centre Ouest Bretagne, avec une population vieillissante et une scolarisation en breton encore bien trop faible, perdront l'essentiel de leurs locuteurs dans les 10-15 ans qui viennent si aucune politique publique volontariste n'est engagée immédiatement. Les élus locaux auront alors une lourde responsabilité dans la disparition de la langue bretonne sur leur territoire.

Une demande sociale de plus en plus forte

Les cartes ci-dessus démontrent que la demande sociale des Bretons envers la langue bretonne est de plus en plus forte, et qu'elle est répartie également sur l'ensemble de la Bretagne historique.

Ainsi, à la question (première carte) : sur une note de 0 à 10, quel est votre degré d'attachement à la langue bretonne, les réponses s'échelonnent de 4,3 en Pays de Vitré à 6,3 en Trégor, avec des chiffres parfois élevés en Haute-Bretagne : 5,8 en Vallons de Vilaine (sud de Rennes) et en Pays de Dinan.

La seconde carte indique le pourcentage des parents qui aimeraient que leurs enfants sachent le breton : 33% en moyenne, avec une pointe à 45% en Vallons de Vilaine, mais aussi 37% en Pays de Saint-Brieuc et de Dinan, 36% en Pays de Rennes et en Brière, des pourcentages équivalents à ceux relevés en Basse-Bretagne !

On remarque le même phénomène sur les deux cartes suivantes, qui mesurent la demande des Bretons à plus d'enseignement du breton à l'école, et à plus de signalisation bilingue français-breton, mais avec des pourcentages encore plus élevés : 73% en moyenne, qui se concentrent en 66% et 79% sur l'ensemble du territoire. 

En conclusion

Un état des lieux préoccupant, avec une baisse irrémédiable du nombre des locuteurs dans les années à venir, mais une demande sociale très élevée de la part des Bretons, qui considèrent la langue bretonne comme une part essentielle de leur identité, et cela sur l'ensemble de la Bretagne historique, de Brest à Clisson. 

Comment imaginer que des élus locaux en charge de l'intérêt général puissent rester sourds plus longtemps à une demande sociale émanant des trois-quarts de leur population ? Si tel était le cas, leur avenir politique me semble compromis à court terme. A bon entendeur...

Données, diagramme et cartes : Institut TMO Régions et Office Public de la Langue Bretonne.

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Commentaires: 2
  • #1

    Iffig Cochevelou (vendredi, 22 février 2019 15:41)

    Le problème , c'est qu'il y a un décalage entre la réponse des gens et leur comportement dans la réalité : combien de classes dans l'enseignement public ne se sont pas ouvertes faute d'inscriptions suffisantes, malgré une information faite correctement

  • #2

    TOULHOAT (vendredi, 22 février 2019 16:07)

    Iffig,
    N'eo ket dre faot hag a vije re izel an niver a enskrivadirioù e gwirionez. Dre faot an D.S. ha na zouj ket da vat an emgleo Rannvro-Stad � siwazh. Gant poan hag amzer 'benn pep tra e teuer ✌