Traduction en breton : si la qualité a un prix, la gratuité a un coût

Traduction en breton : si la qualité a un prix, la gratuité a un coût

Kouing Haman, une nouvelle recette du fameux Kouign amann ?
Kouing Haman, une nouvelle recette du fameux Kouign amann ?

Par manque de moyens financiers ou de volonté, certaines structures ont parfois tendance, pour leurs besoins de traduction en breton, à faire appel à des connaissances qui feront le travail à titre bénévole, sans que cela soit leur métier, avec les risques que cela comporte en terme de qualité et de délais.  

Ainsi, vous soutenez la langue bretonne et vous voulez aller plus loin dans ce soutien en faisant traduire en breton la plaquette commerciale de votre entreprise. Mais comme votre budget communication est très serré et que vous connaissez déjà quelques bretonnants, vous avez demandé si l'un d'entre eux ne pourrait pas faire le travail bénévolement, peut-être même en échange de quelques-uns de vos produits. Et bien sûr, il y en a un qui a accepté. C'était avant Noël.

 

Dans votre tête, vous vous étiez dit que ce serait bien que la traduction soit prête pour le mois de la langue bretonne, en mars, mais là, c'est déjà mort, on est fin avril et vous ne voyez toujours rien venir, malgré plusieurs rappels par mail. Dans le dernier mail, vous avez quand même insisté, car vous avez réservé un stand sur la fête de la langue bretonne, Gouel ar Brezhoneg, le week-end de Pentecôte, et que vous avez prévu d'y aller avec votre plaquette en breton.

 

Votre traduction arrive enfin à la mi-mai, avec les plates excuses de votre traducteur bénévole et débordé, et vous avez juste le temps de l'envoyer chez votre imprimeur pour que 1 000 exemplaires de votre plaquette soit à disposition sur votre stand. Et c'est en installant votre stand et en déballant vos plaquettes, dont l'encre est à peine sèche, que vous vous rendez compte de la catastrophe : certains paragraphes n'ont pas été traduits !

 

Puis, l'un des organisateurs vient vous féliciter pour votre plaquette en breton, mais il se met tout à coup à pâlir : "Hopala, ur bern fazioù zo 'barzh!". Il vient de vous annoncer que votre plaquette est truffée de fautes...Et là, vous vous dites que ce que vous avez de mieux à faire, c'est de remballer vos plaquettes, de démonter votre stand et de rentrer chez vous, gant ar vezh warnoc'h...

Gast ! La traduction en breton ne vous a rien coûté, mais vous venez d'apprendre à vos dépens que la gratuité a un coût : au minimum celui de l'impression de vos plaquettes qui ne vous serviront à rien et dont la traduction est à refaire... 

Saurez-vous corriger les fautes de breton sur les trois panneaux ci-dessous ?

Si cet exemple est imaginé et concentre à lui seul tous les risques possibles : retard, oublis, erreurs, avec un peu d'exagération, les autres, illustrés par les photos ci-dessus et par celle en tête d'article, sont bien réels : certains pensent savoir suffisamment de breton pour traduire eux-mêmes quelques phrases, alors qu'ils n'auraient dépensé que quelques dizaines d'euros, et encore, en faisant appel à des professionnels. Afin de respecter la langue bretonne, il serait normal que les phrases fautives soient corrigées, ce qui obligera certainement à refaire les panneaux et le bandeau du stand. Là encore, la gratuité finit par coûter cher. 

 

En conclusion, on imagine mal un boulanger se fournir en farine après d'un meunier bénévole, ou un magasin de primeurs s'approvisionner gratuitement en fruits et légumes venant de jardins de particuliers, alors pourquoi prendre le risque de faire appel à des bénévoles pour vos traductions en breton ?

De plus, le bénévolat en traduction n'apporte rien ou presque au développement de la langue bretonne, car elle est ainsi maintenue en dehors de l'économie de marché. 

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